Mi- Carême
La Mi-Carême est une fête carnavalesque traditionnelle, d'origine française. Elle est fêtée le jour arrivant à la moitié du carême, c'est-à-dire, selon la tradition chrétienne, au vingtième des quarante jours du jeûne avant Pâques. C'est une pratique qui remonte au Moyen Âge et se perpétue aux Antilles, dans de nombreuses communes de France métropolitaine — où elle a pris parfois le nom de carnaval — ainsi que dans les anciennes colonies françaises de Nouvelle-France notamment au Québec et en Acadie.
À l'occasion de la Mi-Carême en 1890, le journal parisien La Presse écrit : « L'invention de la Mi-Carême est bien plus récente que celle du carnaval. On avait de très bonne heure senti le besoin d'inaugurer par des plaisirs bruyants une longue période d'abstinence ; quand la foi se fut encore affaiblie, on jugea à propos de couper par une halte cette longue période de privations : on créa la Mi-Carême. Telle est sa raison d'être évidente ; quant à la cause occasionnelle de son existence, elle est moins sûrement connue. On attribue la Mi-Carême à la coutume établie dans quelques petites villes, parmi les jeunes gens, de donner, le mardi-gras un dernier bal aux jeunes filles du pays ; celles-ci donnaient à leur tour une fête le troisième jeudi de carême. À cela s'est joint, surtout à Paris, l'habitude parmi les blanchisseuses, de se nommer à cette époque une reine, de se déguiser et de donner un bal dans leur bateau. Cette coutume, souvenir probable des anciens rois des métiers, s'est étendue de Paris à la banlieue et bien au delà. Dans beaucoup de villes, la Mi-Carême demeure la fête des jeunes filles ».
L'origine de la Mi-Carême semble toutefois relever d'une raison bien plus pratique. Cette pause, en plein milieu de la période de pénitence et de jeûne qu'est le Carême, serait ainsi déterminée par le temps de conservation des denrées périssables dont la consommation était proscrite au temps où le jeûne et l'abstinence étaient rigoureusement observés. C'est notamment le cas des œufs, qui constituaient l'aliment d'origine animale principal pour la majorité. Les œufs ne se conservant que difficilement plus de vingt jours, la Mi-Carême aurait été ainsi l'occasion, outre sa fonction psychologique de rupture temporaire d'une période de privation intense, de ne pas gâcher ces aliments. D'où les traditionnelles et festives recettes de la Mi-Carême (crêpes, bugnes, etc.), toutes élaborées à partir d'œufs.
Auparavant la Mi-Carême était personnifiée sous la forme d'une « vieille bonne femme ». À la Mi-Carême on sciait ou fendait « la vieille » en deux. Très présent au début du xixe siècle, ce rituel a perdu de sa fréquence vers la fin de ce même siècle. Dans divers dialectes français "fendre la vieille" se traduit mot à mot par Mi-Carême. Des coutumes assez barbares, comme cambrioler la maison des vieilles ou lui donner des coups de pied, semblent indiquer une ancienneté de cette fête. La vieille y symbolise la vieille année, Dame Hiver. À Lectoure (Gers) se chantait une cantilène rituelle que voici :
Refrain : On sciera les vieilles, cette année, on sciera les vieilles.
aux jeunes il faut des souliers, aux vieilles des coups de pieds.
aux jeunes il faut des cotillons, aux vieilles des coups de bâtons.
aux jeunes il faut du pain blanc, les vieilles s'en passeront.
aux jeunes il faut du bon vin, les vieilles boiront à la fontaine.
aux jeunes il faut des galants, aux vieilles des cheveux blancs.
Source wikipedia